L'album du globe-trottefer Cordées de fer à l'assaut
du Mont Blanc

Cap Nord
Jurailssic Park
Mont-Blanc Montenvers, Tramway du Mont Blanc
Seine tramatique

Les deux chemins de fer présentés ici ont nombre de points communs : tous deux électriques, à voie métrique et crémaillère, ils se lancent à l'assaut du massif du Mont-Blanc, jusqu'à atteindre des altitudes fort honorables. Pourtant, c'est le moins long et le moins haut des deux qui est le plus connu : le Montenvers, grand classique de l'excursion chamoniarde. Mais on va voir que le TMB n'a rien à lui envier...

Le Montenvers

La vallée de Chamonix, dominée par le massif du Mont-Blanc, est l'un des sites naturels les plus prisés du monde, ce qui favorise l'émergence d'images classiques et familières, de « cartes postales » – parmi elles, deux concernent les transports : le téléphérique de l'Aiguille du Midi (longtemps le plus haut du monde, avec son point culminant à 3842 m) et le train du Montenvers. Celui-ci, qui gravit le massif en tournant le dos au Mont Blanc (d'où, si l'Ami Durail en croit des interprétations recueillies sur place, son nom de « monte à l'envers »), part directement de la gare de Chamonix, à 1037 m, pour atteindre le Montenvers à 1913 m d'altitude : 5,4 kilomètres de voie métrique à crémaillère simple (dite « Strub »), 250 p. mille de déclivité, et bon nombre de points de vue « en terrasse », dominant la vallée.
Le terminus du Montenvers surplombe la Mer de Glace, glacier célèbre pour sa grotte artificielle (retaillée à chaque printemps, car le glacier « coule » ! – on peut apercevoir en aval l'entrée bleutée de la grotte de l'année précédente) : du train, on parvient à la grotte soit par un sentier en escalier, soit par des petites télécabines. C'est sans doute, en plus du caractère très pittoresque de la ligne, cette « intégration touristique » qui fait la renommée du Montenvers (pas une plaquette touristique qui n'en reprenne l'image) : il part du centre de Chamonix et il donne accès à une belle curiosité (la grotte de glace), via une télécabine; quant au nom de « Mer de Glace », ne fait-il pas lui-même « touristique » ?
Montenvers 1 Avant les trains électriques rouges caractéristiques, le Montenvers était à vapeur : c'est en souvenir de cette époque qu'une loco construite par les ateliers de Winterthur (en quelle année ? l'Ami Durail avoue avoir oublié – tout éclairage est le bienvenu) trône comme signe d'accueil : chouette monument, qui reprend même la voie à crémaillère en rampe !
Montenvers 2 Voici la vraie rampe, vue « en perspective » depuis le départ de Chamonix.
Montenvers 3 Scène de départ à Chamonix. Les rames sont constituées de deux éléments : une motrice (à gauche) et une voiture-pilote.
Montenvers 4 Croisement au milieu de la ligne : c'est la voiture-pilote que l'on voit ici en tête.
Montenvers 5 En ligne et... sous la neige !
Sept. 1989, oct. 1993, sept. 1996.

Le TMB, de la vallée au glacier, via forêts et alpages

Le TMB, Tramway du Mont Blanc, est le train le plus haut de France : il culmine à 2372 m, à son terminus dit « Le Nid d'Aigle ». Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est que son origine est située à la gare SNCF du Fayet, à 584 m : ce qui signifie que cette ligne de 12 km – à voie métrique et crémaillère simple, ouverte en 1904 – gravit près de 1700 m... donc traverse les plus typiques des paysages alpins : Le Fayet, ville-gare, St-Gervais-les-Bains, station pépère, forêts de conifères, alpages, rocailles, glacier... Au fur et à mesure de la montée, toutes les strates sont passées en revue, moyennant le déclin des constructions et de la végétation à l'avènement des glaces, de l'univers humain de la vallée à l'univers minéral des cimes, en passant par l'univers végétal des adrets et autres ubacs.
À noter que la ligne était initialement prévue pour... atteindre le sommet du Mont Blanc, soit près de 2500 m plus haut que le Nid d'Aigle ! Les finances et le réalisme eurent raison de cette noble mais folle ambition : l'observatoire astronomique sommital du Mont Blanc (qui aurait dû être directement desservi) ne tint que quelques années, à la fin du XIXe siècle, et le train le plus haut d'Europe, le Jungfraujochbahn au-dessus d'Interlaken en Suisse, n'atteint « que » 3474 m !
TMB 1 En ville, à travers le Fayet, juste avant la montée vers St-Gervais : la voie du TMB (qui est ici un véritable « tramway »), est signalée par un astucieux marquage en damier.
TMB 2 « Ne pas se pencher au dehors », « E pericoloso sporgersi », l'Ami Durail n'ignore pas ces recommandations classiques inscrites au bord des fenêtres, mais il n'a pu résister à la tentation de cette prise de vue tout aussi classique depuis un scenic railway : le TMB s'inscrit dans une courbe en pleine forêt, avec en point de mire la haute montagne.
TMB 3 Le TMB au départ de Bellevue, à 1800 m d'altitude : le royaume des alpages, contesté encore par la forêt alpine qui se raréfie. En arrière-plan, un avant-goût déjà très présent du terminus : le glacier de Bionnassay, auquel le terminus du Nid d'Aigle donne accès.
TMB 4 Ascension vers les roches et les glaces : comme le petit train semble perdu au milieu des éléments !
TMB 5 Peu avant l'arrivée au Nid d'Aigle : que le contraste de paysage est grand avec les vues précédentes !
Septembre 1989, septembre 1996.