Tintin, report-fer 1 / Tintin au pays des soviets

Soviets Décor / Transport non emprunté / Transport emprunté
Congo
Parution : du 10 janvier 1929 au 8 mai 1930 dans le Petit vingtième, le supplément jeunesse du journal bruxellois Le XXème siècle. Publication en album fac-similé (Casterman) en 1981.

Le premier récit des Aventures de Tintin, reporter au « Petit Vingtième », est, avec l'Île noire, le plus « ferroviaire » de toute la saga tintinesque : pour se rendre en Russie bolchévique et y pourfendre le « paradis des travailleurs » (car le journal dont Hergé dirige le supplément jeunesse est férocement nationaliste et anti-communiste), le jeune reporter belge et son sympathique cabot Milou prennent naturellement le train. De fait, cette oeuvre de jeunesse abonde en péripéties ferroviaires, et le train est souvent le vecteur d'un énième rebondissement.

Amérique
Cigares
Lotus bleu
Oreille
Île noire
Sept boules
Temple
Or noir
L'affaire
Tournesol
Autres albums

Décor ferroviaire dans les Soviets

Soviets 16
p. 28
Milou est plutôt soupçonneux à l'égard d'un vagabond russe que Tintin a recueilli dans une auberge : le « sympathique cabot » du reporter qui effectue là son premier voyage tente de se remémorer les fois où il semble avoir déjà vu la tête dudit clochard : et comme dans cet album pullulent les occasions où Tintin rencontre l'élément ferroviaire, une voie ferrée apparaît en décor. Il s'agit là, au sein de l'oeuvre tintinesque, de la première représentation graphique de souvenirs qui reviennent à l'esprit d'un personnage : et il s'avère que Milou a vu juste, puisque ce pauvre hère est en fait un agent du Guépéou dont la mission consiste à empêcher Tintin de révéler les sordides dessous du « paradis bolchévique ».

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Transport non emprunté dans les Soviets

La scène ci-contre représente le train comme un adversaire redoutable et non un précieux auxiliaire comme on le voit plus bas (le rail comme transport emprunté). Ici, Tintin qui vient d'échapper une fois de plus à un « méchant russe » continue son voyage à travers le pays des soviets en marchant le long de la voie. Et évidemment, arrive ce qui doit arriver ; remarquer, sur la dernière vignette, le mouvement circulaire des bielles et des roues très bien restitué (alors que le graphisme d'ensemble est plutôt sommaire).

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p. 24
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Transport effectivement emprunté dans les Soviets
Voyage mouvementé de Bruxelles à Berlin
Arrivée inconfortable en Russie
Tentative de rattraper un train... en chariot !
Des bâtons dans les rails
Rencontre violente avec le train pour la Belgique
Bruxelles en vue

À une époque où l'avion est essentiellement réservé à des exploits encore aventureux (nous sommes en pleine épopée aéropostale, et la traversée de Lindbergh a alors moins de deux ans), c'est bien sûr en train que Tintin et Milou vont se rendre de Bruxelles à Moscou. Ils font leurs adieux aux collègues à Bruxelles-Nord (c'est de la même manière que Tintin partira l'année d'après pour le Congo). Puis, tandis que Tintin, insouciant, s'endort, et que Milou montre déjà son caractère méfiant (les faits à venir lui donneront raison !), ronchon et pantouflard (il est plutôt mal tombé !), l'agent du Guépéou chargé d'empêcher Tintin d'effectuer son reportage « contre-révolutionnaire » dépose une bombe. Ainsi, la toute première péripétie tintinesque a donc lieu dans un cadre ferroviaire, et Hergé ne s'embarrasse pas de vraisemblance : arrivé à Berlin dans une épave roulante, Tintin est accusé d'avoir fait disparaître plusieurs wagons et plusieurs centaines de voyageurs !

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Première page (non numérotée), p. 1, p. 2
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L'Allemagne de Weimar n'inspire pas plus de sympathie à Hergé et sa tutelle éditoriale « réactionnaire » que la Russie des soviets. C'est un État véhément et policier, sorte de préfiguration du nazisme sans le savoir, auquel Tintin finit par échapper : la voiture qu'il dérobe à ses poursuivants est maintenant pourchassée par un avion et... elle entre en collision avec un train qui permet ainsi à nos héros de rallier la Russie !!! Plus tard, c'est une collision comparable qui le fera revenir vers Bruxelles.

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p. 9, p. 11
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Arrivé à la frontière russe, Tintin – qui a entretemps acheté des vêtements russes afin de mieux se fondre parmi les autochtones – cherche à continuer son voyage vers Moscou. Le fait de manquer un train qui ne passe que toutes les vingt-quatre heures ne le démonte pas, puisqu'il dérobe un chariot ferroviaire afin de rattraper le train (et peu importe que la seule force de ses poignets suffise à surpasser en vitesse une puissante loco !). Et même si le chariot ne résiste pas, Tintin déniche un moteur dans une décharge à proximité de la voie, et arrive à confectionner une ingénieuse « automobile ferroviaire » ! À noter que dans en Amérique, c'est... en loco que Tintin poursuivra un train !

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p. 16, p. 17, p. 19
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La redoutable police politique bolchévique a l'oeil sur le reporter bourgeois, et ne manque pas de relais pour lui mettre des bâtons dans les roues...

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p. 20, p. 21
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Beaucoup plus loin dans le récit, et après avoir réussi à échapper aux multiples pièges tendus par les Soviétiques, c'est en avion que Tintin revient... en Allemagne ! Malgré sa ferme intention de revoir le pays des soviets, Tintin doit céder aux injonctions de la météo et des freins défectueux de sa voiture : de la même manière que c'est une collision avec un train pour la Russie qui lui a permis d'atteindre le but du voyage, il croise violemment le train... pour Bruxelles ! La boucle est bouclée...

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p. 135
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Le retour ferroviaire en Belgique se déroule tranquillement, à l'inverse du voyage aller ! À noter cette foule nombreuse qui se rend vers la Gare du Nord de Bruxelles : cette scène fait écho à une mise en scène tout à fait réelle, qui eut lieu le 8 mai 1930, jour lors de la dernière parution du récit (anti-)bolchévique. Le journal eut l'idée d'annoncer à ses lecteurs le retour « en vrai » de Tintin depuis la Russie : Hergé, accompagné d'un jeune garçon censé incarner Tintin, emprunta un train en provenance de Cologne, et fut stupéfait de constater la foule à Bruxelles pour acclamer son héros ! C'est cette anecdote qui fit prendre conscience au jeune dessinateur de la popularité de son personnage, et qui le décida à écrire d'autres récits.

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p. 137
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